Histoire de la Bretagne, Jean V (1399-1442) puis François 1er (1442-1450) , Pierre II (1450-1457) et Arthur III (1457-1458)

La Bretagne reste l’un des derniers fiefs résistant au pouvoir royal. Mais l’âge d’or et la prospérité n’ont qu’un temps. La guerre de Cent Ans va s’achever, les alliances vont évoluer et de nouveaux hommes forts vont entrer en scène…

La Bataille de Ballon, en 845, avait permis à cette entité qu’était alors la Bretagne d’affirmer son identité et surtout de s’opposer vigoureusement aux prétentions du carolingien Charles le Chauve à vouloir s’emparer du pays. Un peu plus de cinq siècles plus tard, la bataille d’Auray, en ce 29 septembre 1364, renforce l’identité bretonne et donne un coup d’arrêt aux prétentions du capétien Charles V à vouloir annexer, par Charles de Blois interposé, ce qui est devenu le duché de Bretagne et qui, pendant plus d’un siècle encore, va affirmer son indépendance tant vis-à-vis du royaume de France que du royaume d’Angleterre.

Car la situation de la Bretagne est inconfortable, tiraillée qu’elle est entre deux Etats rivaux qui ont toujours été engagés dans une lutte sournoise et sans merci pour s’assurer l’hégémonie en Europe occidentale. La Bretagne, cependant, est restée malgré de nombreuses vicissitudes, malgré d’incessants retournements de situation, un véritable Etat souverain qui a son rôle à jouer dans le concert des nations. Elle a été d’abord un royaume plus ou moins accepté par ses voisins et constamment remis en cause. Elle est devenue un duché, mais qui n’a jamais été un fief de la couronne française pas plus que de la couronne anglaise. C’est sans doute parce que la Bretagne est un pays fort de ses spécificités et qui est capable de conduire lui-même son avenir car c’est une péninsule quelque peu séparée du continent et, comme l’indique suffisamment le nom d’Armorique, tournée vers la mer.

Pourtant, la Bretagne se présente sous l’aspect le plus ambigu qui soit. C’est un pays où l’on parle deux langues fort différentes, le breton à l’ouest, le français (et aussi le dialecte roman qu’on appelle le gallo) à l’est. En étendant ses frontières vers l’intérieur du continent, elle a pris le risque de se faire dévorer par l’influence française. Le noyau primitif des Bretons émigrés de l’île de Bretagne s’est vu englobé dans un vaste ensemble groupant des populations gauloises, romaines et franques: ce brassage, ou plutôt ce mixage, est généralement facteur de progrès. Mais c’est aussi un sérieux handicap, car comment dans ces conditions affirmer son identité culturelle?

C’est à cette dernière question qu’il faut s’arrêter. En ce XIV° siècle qui a connu bien des tourmentes, la Bretagneva-t-elle trouver son équilibre et se tenir à l’écart des problèmes politiques qui secouent l’Europe occidentale?

Mariage de Jean V de Bretagne et de Jeanne de France

Mariage de Jean V de Bretagne et de Jeanne de France

En cette fin du XVème siècle, dans une Europe épuisée par la Guerre de Cent Ans (1337-1453) l’alliance bretonne est recherchée. Outre le fait que la Bretagne affirme son identité, elle s’impose économiquement, notamment au niveau maritime, grâce à ses marins devenus rouliers des mers. Le faste ducal suit: Jean V, revêtu des habits royaux, le cercle d’or sur la tête, l’épée nue à la main, se fait couronner « par la grâce de Dieu ». Cette cérémonie prestigieuse est reprise et même amplifiée par la suite, François II n’hésitant pas à porter une couronne fleuronnée. Afin de récompenser les plus fidèles serviteurs, des ordres de chevalerie sont institués, des récompenses diverses accordées, une noblesse définie, des roturiers anoblis.

Continuité des Jean, avec Jean V succédant à son père en 1399. Duc avisé et diplomate, formé en Bourgogne, beau-fils du roi d’Angleterre et gendre du roi de France, il parvient à maintenir un juste équilibre avec ses voisins (français, anglais et bourguignons), marquant son long règne (jusqu’en 1442) du signe de la paix. Il reste indifférent à l’aventure de Jeanne d’Arc et se tient à distance de Gilles de Rais. Sous son règne, la Bretagne prospère et commerce, dot ée d’une flotte très active. Jean V, « duc par la grâce de Dieu » est reconnu par le pape et envoie des ambassades. L’administration du duché se renforce et, signe de stabilité en ces temps troublés, l’évêque Jean de Malestroitest aussi son chancelier pendant trente-cinq ans.

Sceau de Jean V de Bretagne

Sceau de Jean V de Bretagne

Après le décès de Jean V le Sage, ses deux fils, François 1er le Bien-aimé (1442-1450) et Pierre II le Simple (1450-1457), puis son frère Arthur III le Justicier (1457-1458) – Arthur de Richemond et connétable de France, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc – poursuivent la même ligne d’indépendance, gage d’une prospérité maintenue. Les Bretons s’offrent même le luxe d’une aide décisive dans la lutte du roi contre les Anglais en Normandie (Bataille de Formigny) et en Guyenne (bataille de Castillon et blocus naval de Bordeaux).

En France:

le roi est Charles VII le Bien Servi ou Charles le Victorieux (Valois) (1403-1422/1461)

puis Louis XI de France dit Louis le Prudent (Valois) (1423-1461/1483)

En Angleterre:

le roi est Henri VI (Maison de Lancastre) (1421-1422/1461)

puis Edouard IV (Maison d’York) (1442-1461/1470)

Né le 11 mai 1410, Françoi 1er règne de 1442 à 1450. Son père était prudent, le fils rêve d’actions chevalersques. La Bretagne a longtemps hésité entre les alliances anglaise et française. Avec François 1° le Bien-Aimé, l’action des Bretons s’avère déreminante pour la reconquête française. Le duc guerroie, mais aussi administre.

Pierre II est né en 1418, est duc de 1450 à 1457. Il est le frère benjamin de Pierre 1°. Personnalité discrète, il n’en multiplie pas moins réformes et organisations. Sous son règne, avec la participation décisive des Bretons à la Bataille de Castillon (juillet 1453), s’achève la Guerre de Cent Ans. Pierre II le Simplepoursuit l’oeuvre d’organisation des Montfort. Le duché est en paix et prospère.

Arthur de Richemond à Vannes

Arthur de Richemond à Vannes

Arthur III a 64 ans lorsqu’il devient duc. Né le 24 août 1393, il règne de septembre 1457 à décembre 1458. Frère de Jean V, Arthur monte sur le trône au terme d’une carrière glorieuse. Arthur III est Connétable de France nommé par Charles VII en 1425. Lors de la cérémonie où il prête hommage au roi Charles VII, Arthur de Richemond précise: « le duché n’a jamais fait partie du royaume de France et n’en est pas un démembrement. En tant que duc de Bretagne, je ne manquerai pas à mon serment de sauvegarder et maintenir les prérogatives de mon pays! ». Son règne trop court pour être significatif reste symbolique: dorénavant, Bretagne et France s’opposeront.

Les princes de Bretagne s’intitulent « duc par la grâce de Dieu » et portent courone souveraine. Ils s’affirment successeurs des rois qui régnaient avant la création du royaume voisin. Le duc a pouvoir souverain en tout domaine, frappe monnaie, rend justice, lève l’impôt, mobilise le ban, et l’arrière-ban, autorise les fortifications, a sa propre diplomatie envers le pape et les autres souverains. Le duc a couronne de roi et veut avoir cour de roi.

Un commentaire pour Histoire de la Bretagne, Jean V (1399-1442) puis François 1er (1442-1450) , Pierre II (1450-1457) et Arthur III (1457-1458)

  1. Le duc gouverne en tenant compte des avis des luttes d’influence, des passions et des intérêts en jeu, et ménage les Etats de Bretagne qui le relient au peuple dont le duc se veut le protecteur.

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