220203-Rando le long de l’Aber Wrac’h

Point de départ de notre randonnée de ce jeudi 3 février 2022 : une pierre druidique, la stèle de Beg-ar-C’hastell, sur la commune de Plouguerneau. Cette stèle à pans, trouvée en 1928 au hameau de Hellez était ornée d’une croix en kersantite de 1,40 mètre avec une piéta du XVIème siècle. Elle retrouve son état d’origine sous l’action de pilleurs. Elle est érigée en 1961 au lieu-dit Beg-ar-C’hastell, en bordure de la route D113 qui relie Plouguerneau à Lannilis, sur une aire de point de vue.

Aber est le terme sous lequel on désigne, dans les pays celtiques, une ria, c’est-à-dire un estuaire où la marée remonte deux fois chaque jour. Un superbe point de vue pour découvrir ce qu’est un aber est sans aucun doute le point de vue de Beg ar C’hastell, sur la route touristique D113 entre Plouguerneau et Lannilis, un belvédère qui offre une vue imprenable, bien plus parlante que toutes nos explications.

L’Aber-Wrac’h est un fleuve côtier, puis dans sa partie aval, un aber du pays de Léon dans le nord-ouest du Finistère. L’Aber-Wrac’h est le plus long et le plus septentrional des abers de la Côte des Abers. C’est également le nom du hameau de Landéda abritant le port du même nom.

L’Aber-Wrac’h cesse d’être navigable au niveau du hameau de Paluden, à 4 km environ à l’intérieur des terres. Par le passé, les bateaux desservant Plouguerneau et Lannilis déchargeaient leurs cargaisons à cet endroit où une cale fut aménagée. Cette cale est toujours utilisée pour le débarquement de cargaisons de bois d’Europe du Nord.

Le port de plaisance de Paluden – Lannilis est situé dans le Finistère. Il dispose d’une capacité d’accueil de 125 bateaux sur pontons. Il peut accueillir 4 bateaux sur corps mort. Le port est réservé aux bateaux de moins de 13 m. Attention, le tirant d’eau maximum est de 2.5 m.

Pont de Paluden est un pont en poutre en treillis sans raccordement supérieur. C’est pont routier (pont-route), un pont mixte acier-béton armé. Situé à Lannilis, ce pont était à l’origine un pont suspendu datant de 1851. En 1932, il a été remplacé par un pont auto-portant à structure métallique qui a été inauguré en 1933. Le pont suspendu de Paluden permet de rejoindre les deux rives et est désormais doublé par un pont récent situé plus en amont.

Construit en 1932 pour relier les communes de Lannilis et de Plouguerneau, séparées par l’aber Wrac’h, le pont de Paluden était bien malade, mis à rude épreuve durant la guerre et par les embruns, sa fermeture au public fut un moment envisagée. Aujourd’hui, il permet encore le passage quotidien de 1.200 véhicules, de piétons et cyclistes. Devant cette utilité toujours actuelle, et malgré la construction du pont du Léon, en 1984, il a donc été décidé de le restaurer. En 2005, la rénovation s’imposait et les travaux ont débuté mi-2006 (décapage et traitement complet de la structure métallique).

Le Bel Espoir II est une goélette à trois mâts et hunier à coque bois, qui a été acheté en 1968 par l’association Amis de Jeudi-Dimanche (AJD). L’AJD possède aussi, depuis 1973, la goélette à trois mâts Rara-Avis qui navigue aussi dans le même but associatif, promouvoir des stages maritimes permettant à des jeunes délinquants et à des toxicomanes de trouver la voie d’une réinsertion. Bel Espoir II fait l’objet d’un classement au titre des Monuments historiques2 depuis le 26 mars 1993.

Après avoir vainement envisagé d’acquérir, dès 1961, un plus grand voilier, le Duchesse Anne, l’association du père Michel Jaouen (ancien aumônier des prisons), « Amis du Jeudi-Dimanche » (AJD), devient propriétaire du Bel Espoir II en 1968. Cette association, créée en 1954, dont l’acronyme signifiait initialement « Aumônerie de la Jeunesse Délinquante », a pour but l’organisation d’activités éducatives, de formation, de réinsertion et de loisirs. Le père Jaouen et le père Alain Maucorps emmènent à son bord des jeunes scolaires à travers l’Atlantique en 1971, puis de 1972 à 1974 des jeunes drogués à bord du Bel Espoir pour s’en sortir, cette opération de réinsertion étant subventionnée par l’État. L’ancien Bel Espoir II était à l’abandon dans le chantier naval de l’Enfer (rive gauche de l’Aber Wrac’h, limite entre Lannilis et Landéda).

En février 2017, un phénomène venteux a couché le Bel Espoir II, 73 ans, alors qu’il était au chantier de l’association, au fond de l’Aber Wrac’h, chantier naval de Lannilis qu’AJD a créé en 1999 au Moulin de l’Enfer (ce chantier est visible sur les rives de l’Aber Wrac’h au lieu-dit Moulin de l’Enfer). Une expertise des Monuments Historiques a conclu qu’une rénovation à l’identique n’était pas possible. L’association a fait le choix de construire un nouveau Bel Espoir II, avec une coque en acier de 37 mètres pour le navire amiral de l’association. Celle-ci est mise à l’eau chez Piriou, à Concarneau, au printemps 2019, sur laquelle seront transposées l’ensemble du gréement de l’ancien Bel Espoir, ses chaines et ancres, le guindeau, le moteur, les bossoirs, etc.. Le nouveau Bel Espoir navigue depuis l’été 2021. Ce trois-mâts est le fleuron de l’association d’insertion AJD, fondée par Michel Jaouen (1920-2016). Construite chez Piriou, la coque de 37 mètres a été aménagée dans le chantier d’AJD, sur l’Aber Wrac’h.

Le Rara-Avis est un dériveur de 27 mètres à la flottaison, construit en 1957. C’était le yacht personnel de Georges Lilliaz, le patron du BHV. Il l’a donné à l’AJD en 1974. Il a été entièrement rénové dans le chantier naval de l’Enfer, entre 1999 et 2002. Un dériveur, ça peut se faufiler presque n’importe où. Ça se pose comme une fleur sur le sable. En plus des 9 membres d’équipage, il peut accueillir 28 personnes, dans des cabines de 2 ou 4 places. Une personne en fauteuil peut y embarquer.

Démerdez-vous pour être heureux !” Connu pour ses coups de gueule comme pour ses coups de cœur, le Père Jaouen apostrophait ainsi ses équipiers. On ne saurait dire ses ouailles… tout prêtre qu’il fut. Au-delà du cap des 90 ans, Michel Jaouen (1920-2016) continuait de naviguer à bord du Bel Espoir et du Rara-Avis, les deux grands voiliers de l’association des Amis du Jeudi Dimanche. Il avait créé cette dernière en 1951, sous le nom d’Aumônerie de la jeunesse délinquante, pour offrir d’autres horizons à celles et ceux qui étaient pris au piège de la drogue, de l’alcool ou de l’errance, en mal de vivre.

Après l’observation de Bel Espoir et de Rara-Avis, nous avons poursuivi notre randonnée. Un aber est avant tout un estuaire, une ancienne vallée fluviale envahie par la mer il y a 7000 ans. Avec 34 km de profondeur, l’Aber Wrac’h est le plus long aber et le plus au nord de la côte finistérienne. C’est aussi le plus maritime avec une embouchure large de 2 km qui constitue un plan d’eau réputé pour la pratique des sports nautiques et ouvre sur l’archipel de l’Aber Wrac’h.

Nous avons terminé la partie matinale de notre balade en longeant la rive sud de l’Aber Wrac’h et puis en ralliant un restaurant à Bel Air, quartier est de Landeda, l’Odyssée. La pause méridienne bienfaitrice nous a donné le courage et l’envie de retourner à nos véhicules près de la stèle de Beg ar C’hastel. Le parcours nous a fait longer le port de l’Aber Wrac’h même, puis le phare de Saint Antoine et enfin traverser le Pont de Paluden, à 800 m de l’arrivée. Une belle journée de 17 km dans un cadre exceptionnel. Le moral était au plus haut comme à l’issue de chacune de nos randonnées hebdomadaires.

A propos gebete29

golfeur, photographe, randonneur et tireur à la poudre noire, retraité qui sintéresse à l'Histoire de la Bretagne
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